Alexandre Dumas :
Cavaillon. - A vingt-cinq kilomètres d’Avignon. Restes d’un arc de triomphe. Melons d’hiver renommés. On présume que la ville de Cavaillon n’est citée ici ni pour sa position sur la Durance, ni pour son voisinage d’Avignon, ni pour son arc de triomphe, mais pour ses melons, non pas d’hiver, mais verts, renommés. Un jour je reçus une lettre du conseil municipal de Cavaillon, lequel me dit que, fondant une bibliothèque et désirant la composer des meilleurs livres qu’il pourrait se procurer, il me priait de lui envoyer deux ou trois de mes romans qui, dans mon esprit, tiendraient la première place. J’ai un fils et une fille, je crois les aimer également; j’ai cinq ou six cents volumes, je crois éprouver pour eux tous une sympathie à peu près égale; je répondis à la ville de Cavaillon que ce n’était pas un auteur qu’il fallait faire juge du mérite de ses livres; que je trouvais tous mes livres bons, mais que je trouvais les melons de Cavaillon excellents; que, par conséquent, j’allais envoyer à la ville de Cavaillon une collection complète de mes œuvres, c’est-à-dire quatre ou cinq cents volumes, si le conseil municipal voulait me voter une rente viagère de douze melons verts. Le conseil municipal de Cavaillon, je dois le dire, me répondit poste pour poste que ma demande avait été accueillie à l’unanimité et que je me trouvais avoir une rente viagère, la seule selon toute probabilité que j’aurai jamais. Il y a une douzaine d’années que je jouis de cette rente, et, je dois le dire, elle n’a jamais manqué une fois d’arriver à l’époque où les melons verts, un peu en retard sur les autres, entrent dans leur maturité; or je ne sais pas si le conseil municipal de Cavaillon a l’obligeance de faire un choix parmi ses melons et de m’envoyer ceux qu’il croit les meilleurs, mais je répète que je n’ai jamais rien mangé de plus frais, de plus savoureux et de plus sapide que les melons de ma rente. Je n’ai donc qu’un désir à émettre, c’est que mes livres aient toujours pour les Cavaillonnais le même charme que leurs melons ont pour moi; c’est à la fois une occasion qui se présente d’exprimer à mes bons amis de Cavaillon toute ma reconnaissance, et de désigner à toute l’Europe leurs melons comme les meilleurs que je connaisse.
Ingrédients :
Melon, romarin, citron, chorizo, huile d’olive, sel, piment d’Espelette.
Matériel :
Mixeur, presse agrume, bol.
Couper en deux le melon, enlever les graines, faire huit billes, prélever le reste de la chair. Mixer la chair du melon. Réserver au frais.
Prélever les feuilles du romarin, presser la moitié du citron. Dans un bol mettre les feuilles de romarin, recouvrir généreusement les feuilles de romarin, rajouter le demi jus de citron, assaisonner avec le piment d’Espelette. Réserver au frais.
Enlever la peau du chorizo, entailler à moitié, faire une «pétale», mettre à l’intérieur la bille de melon.
Incorporer le mélange romarin à la pulpe de melon, mixer.
Dans une assiette, verser la pulpe de melon, rajouter les billes de melon «habillées» avec le chorizo. (servir frais)